Chaque printemps, le jour de la mi-carême, il était de tradition d’interrompre cette période d’abstinence de quarante jours par un moment festif.
À Paris, plusieurs corporations de métiers (gens de la halle (métiers de bouche), tailleurs d’habit et lavandières) défilaient dans les rues. Sur un énorme char, bruyant et fleuri, la Reine des reines de Paris, élue parmi les milliers de blanchisseuses, était honorée.
Après la guerre de 1914-1918, une nouvelle génération aspire au « plus jamais ça » et la période baptisée Années folles est marquée par une riche activité sociale, culturelle et artistique. Cependant, pour limiter les débordements, le comité des fêtes de Paris, organisateur des animations de la mi-carême, essaie de récompenser, non plus la beauté féminine, mais la vertu et le travail en élisant une jeune femme au titre de reine des abeilles. Ainsi, certaines régions présentent leur candidate et il faut compter avec l’abeille des Corses et l’abeille des Angevins de Paris.
En 1924, Louis Bonnet (deuxième du nom) s’inspire de cette manifestation et lance l’élection d’une Pastourelle du Massif Central, jeune femme qui sera désormais élue chaque année au sein de la communauté des Auvergnats à Paris. Secondée par six demoiselles d’honneur, à raison d’une représentante pour chacun des sept départements, chacune « devra être revêtue du costume en honneur autrefois dans nos vieilles provinces ».
Eugénie GALTIER en 1925
1ère Pastourelle de la Ligue auvergnate
et du Massif central
Native de Mur-de-Barrez (Aveyron), on avait admiré au cours de la fête de la Ligue "la bonne humeur et l'entrain avec lequel, portant sa quenouille, elle avait conduit d'une main ferme une magnifique chèvre blanche un peu dépaysée de défiler parmi les danseurs aux accents de la vielle et de la cabrette."
Louis Bonnet (deuxième du nom) encourage aussi la création en 1925 de la société folklorique devenue la Bourrée de Paris, composée d’une chorale et d’un corps de ballet qui atteindront une réputation internationale. Dès l’origine, des recherches historiques sont réalisées pour reproduire le plus fidèlement possible les costumes portés au 19ème siècle. Au fil des ans, la tenue des Pastourelles en témoigne avec des détails de plus en plus codifiés : couleurs des tissus, hauteur des vêtements, bijoux…
Collection de bijoux provenant du musée de la coiffe à Blesle (Haute-Loire)
Photographies : Samantha Bayol
Parmi les pastourelles départementales, l’une d’elle est élue pastourelle de la Ligue auvergnate et du Massif central. Chaque année, elle transmet la houlette à celle qui lui succède.
Ressemblant à une crosse, la houlette symbolise l’esprit de rassemblement (pendant la transhumance, le berger l’utilisait pour regrouper les moutons) et de pouvoir (crosse de l’évêque).
Confectionnée en bois, la houlette a dû être refaite à plusieurs reprises. Celle qui accompagne actuellement la Pastourelle de la ligue date de 1988.
Ainsi, depuis 1924, ces Pastourelles fédèrent la communauté des Auvergnats à Paris et représentent le Massif central à l’extérieur de ce territoire.
Elles transmettent, années après années, ce patrimoine immatériel que sont les danses, les musiques, les chants et les costumes traditionnels du Massif-Central.
Pour commémorer ce centenaire, le musée du Veinazès
a planté le châtaignier des Pastourelles
et proposé l'exposition "Au pays des Pastourelles".