André Puech
Le peintre-paysan
13 mai - 29 septembre 2023
Prolongation de l'exposition jusqu'au dimanche 5 novembre 2023
Né le 17 mai 1923 au village de Granouillère (Lafeuillade-en-Vézie) du deuxième mariage de son père, André est le plus jeune de la fratrie. Sa scolarité manque d’assiduité car les travaux de la ferme passent avant ceux de l’école. Cependant c’est à cette époque que son don pour le dessin est remarqué.
Adolescent, il consacre plutôt ses heures de temps libre à la musique (harmonica puis accordéon).
En 1945, au cours de son service militaire à Clermont-Ferrand, il décide d’apprendre le solfège mais continue de dessiner. L’année suivante, redevenu ouvrier agricole à la ferme Gailhac de Sylveterre, André profite du temps de la veillée pour s’adonner avec constance à la peinture. Là, l’occasion se présente de montrer ses dessins à Raphaël Pricert, artiste de renommée internationale. Celui-ci s’enthousiasme et déclare « s’il venait à Paris, je suis capable de le mettre quelque part où il pourra apprendre sérieusement ».
André comprend que Paris reste un passage obligé. Il promet à sa fiancée Jeannette Trin d’y rester trois ans et de revenir pour la marier.
À la capitale, André travaille la nuit pour payer ses études aux ateliers de l'Académie de la Grande Chaumière, académie d’art privée dédiée à la peinture et à la sculpture. Tandis que Pricert le conseille dans son apprentissage, André découvre ce que signifie « être un artiste » au travers des œuvres qu’il peut désormais admirer dans les musées mais aussi dans les remarques de ses professeurs.
Du dessin à l’aquarelle, André passe bientôt à la peinture à l’huile puis sort de l’atelier pour peindre en extérieur. C’est sur la place du Tertre à Montmartre qu’il trouve son premier admirateur et client. Les salons artistiques exposent ses tableaux, quelques galeries les présentent, son nom figure dans des articles de presse mais déjà l’heure du retour a sonné.
Sans le sou mais riche d’enseignements, André se marie en 1950 et travaille désormais comme ouvrier agricole à la ferme de son beau père. Son environnement n’est pas vraiment propice à l’exercice de son art. Les encouragements de sa femme, l’amical soutien des compatriotes rencontrés à Paris et sa passion pour la peinture lui permettent de résister et de persévérer. « Pour moi, la peinture est un grand bienfait, une grande aide morale parce que, dans la vie, tout n’est pas rose. J’avais toujours ça pour me contenter un peu. »
Au sein de la Société artistique du Cantal qui accueille les artistes amateurs et professionnels du département, il expose régulièrement et rencontre un franc succès. La presse locale fait écho de son œuvre au travers de bonnes critiques. C’est à l’automne 1956 qu’apparaît le terme de « peintre-paysan » pour le désigner. Dans le même temps, André tisse des liens de sympathie avec les hôteliers-restaurateurs qui accueillent, durant l’été, les Auvergnats de Paris et les adeptes d’un tourisme vert. Les cimaises de leurs salles à manger sont les supports privilégiés pour faire découvrir l’artiste local et de plus en plus de tableaux d’André entrent dans des collections privées.
Au soir de sa vie, André se voit confier la réalisation d’une commande d’une trentaine de tableaux pour un établissement parisien. Pourtant, l’artiste conserve sa modestie naturelle. Il décède en 2014.
André Puech fut un homme singulier. En tant que paysan, il privilégiait l’action à la contemplation et son observation de la nature était guidée par l’intérêt d’une prometteuse récolte. A contrario, en tant que peintre, son rapport avec la nature modifiait son regard. Il entrevoyait la beauté et le mystère de la création, ce qui générait en lui des émotions qu’il a su traduire et partager dans son œuvre.
